Ukraine : un an d’indifférence française

Après un an de guerre massive en Europe, avec crimes de guerre, villes rasées et crimes de génocide (la déportation des enfants est un crime de génocide, Convention Internationale des Droits de l’Enfant), il est temps de faire la rétrospective de l’indifférence d’une grande part de l’opinion française et de ses principaux leaders.

Avant la guerre, les positions pro-Poutine sont constantes du côté de Mélenchon, de Roussel, et bien sûr de Le Pen ou Mariani. La cinquième colonne russe est bien en place, et depuis longtemps.
Mélenchon et Roussel attribuent à l’OTAN la responsabilité des tensions dans la région, oubliant que la Russie occupe déjà illégalement la Crimée et le Donbass, après avoir annexé deux provinces géorgiennes, soutenu l’invasion Azerbaïdjanaise de l’Arménie, écrasé la Tchétchénie (membre de la Fédération de Russie) et l’opposition syrienne.
Le Pen, quant à elle, vante sans rire les mérites de la démocratie russe.

C’est sans honte que dès le déclenchement de la guerre, LFI et ses alliés (collabo siérait mieux) manifestent « pour la paix », c’est-à-dire pour la reddition de l’Ukraine.
Pendant ce temps, le groupe Wagner et les troupes de Kadyrov s’affichent au grand jour et filment leurs exactions.

Roussel, jamais avare d’un revirement, reconnaît enfin du bout des lèvres le 8 mars que la Russie de Poutine est bien l’agresseur, avant d’à nouveau, le 9 mai, expliquer que  « les USA font une guerre par procuration contre Poutine ».

Au premier tour de l’élection présidentielle, après un mois et demi de conflit, les français votent à plus de 60% (!!!) pour des candidats ayant clairement soutenu Poutine (Le Pen 23,15%, Mélenchon 21,95%, Zemmour 7,07%, Lassalle 3,13%, Roussel 2,28%, Dupont-Aignan 2,06%, Arthaud 0,56%)
Bien sûr, les français ne votent pas pour Poutine, mais cela illustre à quel point le soutien à Poutine n’est pas considéré comme rédhibitoire. 

Les 2 et 5 mai, après l’élection présidentielle et plus de deux mois après l’invasion, un mois après le massacre de Boutcha (« une mise en scène », selon Le Pen), le PS et EELV ne trouvent rien de mieux à faire qu’une alliance électorale avec LFI et le PCF pour les élections législatives. La NUPES est née, la gauche est morte.
Raphaël Glucksmann, qui avait conduit la liste socialiste aux élections Européennes, et toujours en vue sur les questions des Droits de l’Homme (Ouïghours…) et y compris sur l’Ukraine, approuve cette alliance. Une figure est morte.

Dès le 1er juin 2022, les déportations massives d’enfants sont rapportées et documentées.

Le 19 juin, les résultats des élections législatives confirment la tendance : l’Ukraine n’est toujours pas un sujet pour une grande part des français, et Poutine manque de peu la majorité absolue.

Que dire des tergiversations byzantines du Chef de l’État, qui après avoir maintenu le dialogue avec Poutine sans avancée notable, avoir continué de prôner la négociation pendant des mois, s’être inquiété de l’humiliation que pourrait ressentir la pauvre Russie, déclare en revenant de la conférence de Munich – ça ne s’invente pas ! – qu’il ne faut pas écraser la Russie. Macron semble jouer sa propre partition et se projeter en faiseur de paix après la fin de son second mandat. Oui mais voilà, pour atteindre ses buts de guerre, encore faut-il la faire, la guerre.

Or depuis le début, nous avons intégré sans aucune résistance la vision poutinienne. Tous parlent de co-belligérance comme si ce concept avait un sens en droit international (c’est une invention de Poutine), et font comme si la menace nucléaire était nouvelle et n’avait pas déjà été surmontée lors des innombrables conflits de la guerre froide.
Poutine, aidé de son armée de trolls et secondé par ses lieutenants Mélenchon et autres Le Pen, a réussi à imposer ses règles dans l’opinion publique.

La Russie éternelle… menace

Pourtant la Russie, depuis Ivan le Terrible et Boris Godounov en passant par Lénine, Staline et Poutine, n’a jamais, en dehors du règne de Pierre le Grand, varié.

Elle qui n’a battu les nazis qu’après leur avoir permis d’envahir l’Europe (pacte germano-soviétique) et après qu’Hitler s’est retourné contre elle ; elle qui ne considère l’Occident que, selon les époques, comme une peste cosmopolite ou comme une société décadente et pédophile, doit, en tant que puissance, être une fois pour toutes éliminée.

Une carte humorisitique italienne ne laisse aucun doute sur la perception de la Russie au XIXème siècle.

Tant que la menace d’un arsenal nucléaire basé à Kaliningrad pèsera sur l’Europe, aucune génération ne vivra en paix.

La Russie dispose actuellement de 1200 soldats en Transnistrie (Moldavie). Si nous souhaitons être à la table des négociations, neutralisons-les, et désenclavons Odessa par la même occasion. Aucune déclaration de guerre n’est nécessaire pour cela, ni même probablement le moindre combat : la Moldavie, État indépendant et membre de l’ONU n’aurait qu’à appeler à l’aide pour légitimer une intervention.

Alors là, oui, s’asseoir à la table avec des buts de guerre précis serait envisageable. Pendant que les ressources naturelles russes serviraient à dédommager l’Ukraine et à financer sa reconstruction (dette de guerre), nous serions en mesure d’exiger le désarmement nucléaire complet, la perte de l’enclave de Kaliningrad et la perte du siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Voilà les conditions qui feraient de la Russie le membre de la communauté internationale qu’elle mérite d’être : un producteur incontournable d’alcool de pomme de terre.

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Liens

Sur la déportation des enfants

Pourquoi Macron ferait mieux de se taire, Par Charlotte Lalanne et Cyrille Pluyette (L’Express)

Pourquoi Macron veut une défaite de la Russie sans l’écraser, par Isabelle Lasserre (Le Figaro)

Le récit de Florent Coury, Engagé volontaire, Flammarion
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