Mortes parce que femmes

Boko Haram

En cette journée internationale des Droits des Femmes, la Cheuille de Fou revient sur un discours discutable autour du féminicide.

Il y a quelques années, le mot « féminicide » a fait son apparition dans les médias. Il a le mérite de pointer le fait qu’être tuée par son conjoint ou son ex-conjoint est un cas particulier d’homicide (11% des homicides en 2022). De plus, il offre l’avantage d’attirer une plus grande attention sur le phénomène, que l’on banalisait jusqu’à encore récemment sous le vocable « crime passionnel ».

Apparu en 1976 au Tribunal international des crimes contre les femmes, le terme avait dès l’origine pour but d’éclairer le fait que des femmes sont « tuées parce qu’elles sont femmes ». C’est d’ailleurs ce « slogan » qui est repris systématiquement dans toutes les campagnes de lutte contre le féminicide, comme encore récemment dans une campagne gouvernementale diffusée à la radio.

Or ce slogan ne vient pas de nulle part.

Il n’y a pas de honte, quand on défend une cause noble, à utiliser une technique « marketing » comme une phrase qui résume et explique la subtilité et la spécificité d’une situation.

Vladimir Jankélévitch

C’est ce qui a fait le succès, au fil des ans, de la phrase légèrement adaptée de Jankélévitch « Juifs morts parce que juifs ». Elle illustre parfaitement la spécificité de la Shoah (et, depuis, du génocide des Tutsi du Rwanda) : les Juifs n’ont pas été exterminés en raison de leurs croyances (un grand nombre étaient athées, voire chrétiens avec des ascendants juifs), en raison de leur convictions politiques (diverses) ou en raisons de quoique ce soit, mais simplement parce qu’ils étaient.

Or dans les cas de féminicides dont nous parlons, une femme n’est pas tuée « parce que femme » mais bien parce qu’elle est cette femme-là, qui pour son malheur a rencontré cet homme-là, qui a vécu avec lui… Cela ne change rien à l’horreur du crime et ne charge pas la victime d’une quelconque responsabilité dans son destin, mais ce slogan ne reflète pas la réalité des féminicides, et par ricochet l’emploi approximatif du slogan estompe la spécificité de la Shoah.

Pourtant des féminicides correspondant à cette définition, il y en a !

C’est exactement ce à quoi on assiste actuellement dans les écoles iraniennes où les attaques au gaz ciblent des filles parce qu’elles sont filles, en Afghanistan, au Nigeria et dans tous les pays où Boko Aram sévit… la liste est longue.

Heureusement, en France, à de rares exceptions près, les femmes ne meurent pas simplement parce que femmes.

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