Législatives : Poutine manque la majorité absolue

Puisque chacun y va de son analyse, il nous a semblé que nos fidèles lecteurs aimeraient connaître la nôtre. Les partisans du scrutin proportionnels devraient lire jusqu’au bout !

  • Poutine manque donc la majorité absolue de quelques sièges (220 en ne comptant que le RN et la NUPES), mais parvient à pétrifier la première puissance militaire d’Europe.
  • La France passe son tour. Après 16 ans de leadership d’Angela Merkel et de l’orthodoxie budgétaire allemande, après le Brexit et le départ des « ultra-libéraux »… la voie était libre pour la France de reprendre le flambeau.
    D’ailleurs, Emmanuel Macron avait fait bouger les lignes de manière très considérable puisque son premier mandat avait vu peu à peu s’imposer tous les thèmes qu’il avait proposés lors de son discours de la Sorbonne en 2017. C’est une Europe pleine d’attentes qui accueille les résultats de la législative avec stupeur.

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  • Le RN est de loin le premier groupe d’opposition avec 89 sièges. La NUPES, pour lequel M. Bompard prétendait deux heures après les premiers résultats avoir « près de 200 » députés (pourquoi pas 1000 ?) n’en récolte que 131, mais surtout il faut, comme on l’a fait pour le calcul du temps de parole et justifier l’omniprésence de la NUPES dans les médias, bien voir qu’il s’agit de différents groupes. LFI obtient 72 sièges, EELV 23, le PCF 12 et le PS 24, qui réussit l’exploit de perdre 5 sièges par rapport à l’élection catastrophique de 2017 qui suivait la candidature suicidaire de Benoît Hamon. La soumission à la LFI aura donc été un calcul particulièrement  « judicieux ».

Nous avons réussi l’objectif politique que nous nous étions donné, en moins d’un mois, de faire tomber celui qui avec autant d’arrogance avait tordu le bras de tout le pays pour être élu sans qu’on sache pour quoi faire.

Jean-Luc Mélenchon, première déclaration à l’annonce des résultats provisoires. Finalement l’objectif n’était pas d’être « élu Premier Ministre »
  • Mélenchon parvient tout de même à ses fins. Après avoir menti éhontément pendant toute la campagne en faisant mine de croire à l’élection du Premier Ministre, la première déclaration de Mélenchon est (textuellement) : « la déroute du parti présidentiel est totale et aucune majorité ne se présente. Nous avons réussi l’objectif politique que nous nous étions donné, en moins d’un mois, de faire tomber celui qui avec autant d’arrogance avait tordu le bras de tout le pays pour être élu sans qu’on sache pour quoi faire ». Les électeurs qui voulaient bien croire que l’objectif était de donner une majorité à la gauche en seront pour leurs frais.
  • Du point de vue de la sociologie électorale, la gauche est désormais totalement déconnectée de son électorat historique et des couches populaires, où le RN règne en maître absolu. Seuls les centres urbains « boboïsés » ont voté très majoritairement pour la NUPES. Ainsi les quartiers sillonnés par les livreurs Deliveroo auront courageusement envoyé au Palais Bourbon les génies de la condition ouvrière tels que Sandrine Rousseau, Aymeric Caron, Julien Bayou ou Danièle Simonnet. Notons toutefois qu’en Seine-St Denis, le département le plus abstentionniste de France (64%), la NUPES réalise un grand chelem en motivant l’avant garde bourgeoise pro-islamiste. Ces élus qui considéraient que le Président de la République avait été mal élu en faisant valoir le pourcentage de voix par rapport au nombre d’inscrits seront bien inspirés de revoir à l’avenir leurs arguments. (apportons une nuance : dans plusieurs circonscriptions le résultat était joué dès le premier tour, ce qui explique entre autres une plus forte abstention dans ce département)
  • L’échec -relatif mais important et incontestable- du parti de la majorité présidentielle est d’ailleurs probablement en partie dû à la volonté de donner des gages à l’extrême gauche wokiste à la suite de l’élection présidentielle, dont l’interprétation dominante nous semble totalement erronée. Loin d’une poussée de la gauche, elle avait surtout vu l’effondrement de la droite républicaine dont la candidate était aller chasser sur les terres de l’extrême droite, comme l’avait fait Hamon en symétrie il y a cinq ans, avec les mêmes résultats. En ne renouvelant pas le laïque Blanquer et en le remplaçant par Pap Ndiaye (dont nous trouvons par ailleurs le procès en wokisme très exagéré, mais il faut bien admettre que c’est ce qui a été retenu), le président Macron ne pouvait trouver plus efficace pour jeter encore plus l’électorat populaire dans les bras du RN.

Une législative à la proportionnelle

  • Enfin, et nous espérons que ce point sera lu par les défenseurs invétérés du scrutin proportionnel (idée qui gagne petit à petit tout le spectre politique). Vous vouliez voir comme la France marche bien avec un scrutin proportionnel, et bien vous l’avez ! à très peu de choses près le nombre de sièges est proportionnel au nombre de voix (un peu favorable à Ensemble ! et LR, un peu défavorable à la NUPES et au RN, mais l’ordre de grandeur est bien là) :
Composition de l’Assemblée Nationale. [Libé]
  • Ensemble ! 42,5% des sièges pour 38% des voix
  • NUPES : 22,7% des sièges pour 31,6% des voix
  • RN: 15,4% des sièges pour 17,3% des voix
  • LR-UDI : 11,1% des sièges pour 7% des voix

Mais jusqu’à présent, il nous semble plutôt que c’est ce que tout le monde s’accorde à décrire comme « ingouvernable ». Sur France 2, Manuel Bompard (NUPES) moquait même un éventuel (et inévitable) rapprochement Ensemble/LR : « ce serait antidémocratique, ou alors l’accord il fallait le faire avant l’élection ».

Bienvenus dans le monde de la proportionnelle. On est heureux que ses promoteurs aient l’occasion d’en faire l’expérience !

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