Les amis arabes des Palestiniens

Ceux qui se définissent comme « arabes » (signifiant en fait que leur famille est originaire d’un pays jadis conquis par les arabes, un peu comme si les Péruviens se nommaient « espagnols » ou les Mauri « anglais ») se déclarent très majoritairement, et ce partout dans le monde, dans les pays dits « arabes » comme ailleurs, solidaires des Palestiniens et de la cause palestinienne.

Il est d’ailleurs assez amusant de voir sur les réseaux sociaux certains descendants de l’immigration maghrébine tomber des nues et insulter les pays arabes (pour le coup vraiment peuplés d’arabes, entre autres) comme les pays du Golfe, l’Egypte ou la Jordanie, devant l’absence de solidarité de ces États avec la cause palestinienne repeinte aux couleurs du Hamas.

Pourtant, rien de nouveau sous le soleil. Rapide rappel historique

1947, les pays arabes (Irak, Syrie, Transjordanie, Égypte, Arabie Saoudite…) encouragent les « arabes » de la Palestine mandataire (dans ce cas le terme « arabe » désigne les habitants non juifs) à refuser le plan de partage de l’ONU. En substance ils disent : venez vous réfugier chez nous, si Israël déclare son indépendance, nous les attaquerons et vous pourrez retourner sur place.

C’est cet appel qui est responsable d’une très grosse majorité des départs de la Nakba (la catastrophe) : l’exil des Palestiniens (on ne les appelle pas encore comme ça) qui deviennent réfugiés dans ces pays. Ceux qui n’ont pas suivi cet appel sont depuis des citoyens israéliens jouissant des mêmes droits que les autres.

1948-49. Comme on sait, les choses ne se passent pas comme prévu et les pays arabes perdent une guerre imperdable. Les Palestiniens en sont pour leurs frais, désormais réfugiés sans droits.

Pas d’accès au travail, encore moins à la nationalité ou simplement au logement, les réfugiés servent d’alibi aux pays arabes qui auront tout intérêt à entretenir leur pauvreté et leur rancœur pour, un jour, inch’Allah, exterminer « l’entité sioniste ».

Au terme du conflit de 1948-49, l’Egypte occupe Gaza et la Jordanie annexe la Cisjordanie et Jérusalem Est. C’est ce qu’on appellera les « Territoires occupés »… mais seulement quand Israël les occupera après la guerre de 1967.

1970. Les Palestiniens étant, d’un point de vue démographique, très largement majoritaires en Jordanie (rappelons que la Jordanie faisait partie de la Palestine mandataire et que c’est le choix des Anglais de l’avoir séparée avant le plan de partage). C’est d’autant plus vrai depuis l’afflux des réfugiés de la guerre de 48. Les Palestiniens tentent plusieurs fois de renverser la monarchie hachémite (nom de la dynastie). En septembre 1970 (dit Septembre Noir), Hussein de Jordanie déclenche une opération sanglante contre l’ensemble des organisations palestiniennes et pro-iraniennes, ainsi que contre la Syrie qui aide en sous-main les Palestiniens. Entre 3 500 civils palestiniens (selon la Jordanie) et 10 000 (selon les Palestiniens) succombent. Comme quoi les bilans humains « douteux » ne sont pas l’invention de l’année.

Arafat et ses combattants sont expulsés en 1971 vers le Liban.

1975. Désormais installé au Liban, où, comme ailleurs, les Palestiniens sont parqués dans d’éternels camps de réfugiés et sans droits, Arafat va multiplier, en plus des attaques contre Israël qui font des centaines de victimes, les conflits avec les factions libanaises, jusqu’à aboutir à un conflit ouvert en 1975, et qui ne prendra fin qu’à la nouvelle expulsion des dirigeants palestiniens, en 1982, à la faveur de la guerre menée par… Israël.
On notera d’ailleurs que c’est à l’occasion de cette guerre civile qu’ont lieu les massacres de Sabra et Chatila, qu’une des nombreuses croyances des pro palestiniens occidentaux attribue à Israël alors qu’ils ont été perpétrés par des milices libanaises contre des palestiniens. Ce qui est reproché à Israël est de n’être pas intervenu.

1982. Exilés en Tunisie (bien malgré elle, la Tunisie a été forcée d’accepter ces encombrants hôtes), les dirigeants palestiniens se sont engagés à ne pas organiser d’attentats depuis le sol tunisien. Las, il ne faut attendre que jusqu’en octobre 1985 pour que le « cerveau » du détournement meurtrier de l’Achille Lauro ne s’avère résider à Tunis. La Tunisie envisage d’expulser à nouveau les Palestiniens, avant d’y renoncer.

1990. L’Irak de Saddam Hussein envahit le Koweït. Bien sûr Arafat, toujours prêt à faire le bon choix, est pratiquement le seul dirigeant au monde à soutenir cette invasion. En 1991, après la défaite irakienne, l’Émir du Koweït expulse sans délai les réfugiés palestiniens. 400 000 personnes sur les routes en moins d’une semaine.

En Irak -où la communauté palestinienne était bien moins importante- Saddam Hussein avait commencé dès 1994 à supprimer les quelques droits octroyés aux Palestiniens. A partir de la chute de Saddam (2003), les quelques dizaines de milliers de Palestiniens (20 à 30 000) ont été chassés en Syrie.

En Syrie justement, les réfugiés palestiniens de 1948 n’ont aucune possibilité de s’intégrer et de s’émanciper des camps. Ils subissent donc la surpopulation, ainsi que les massacres successifs des forces armées Syriennes et de l’Etat Islamique (camp de Yarmouk notamment)

Au Qatar, sponsor et désormais QG du Hamas au point qu’il est devenu le seul État en position de « négocier » (ou du moins de faire semblant de), on ne se presse pas pour accueillir des réfugiés palestiniens. Et même quand on a une Coupe du Monde de foot à organiser, des stades à construire… on n’accorde pas un visa de travail aux Palestiniens, leur préférant les travailleurs indonésiens. Il est vrai que si les Palestiniens se mettaient à pouvoir gagner un peu d’argent et vivre de leur travail, qui sait ? ils pourraient peut-être se détourner de leur rôle d’éternelles victimes et de leur mission de détruire Israël.
La même remarque s’applique aux Émirats, dont Dubaï et Abu Dhabi, dont les tours poussent en enrichissant à peu près tout le monde sauf les Palestiniens.

Du côté égyptien comme du côté jordanien, le pouvoir encourage d’un côté la population à « soutenir la cause palestinienne », mais on a bien compris que l’intérêt national était surtout la paix avec Israël. Aussi l’Égypte n’administre plus la bande de Gaza, et organise un réel blocus (contrairement au côté israélien où la frontière n’a, jusqu’au 7/10, jamais été fermée). Il faut dire que les Égyptiens sont bien placés pour connaître le danger des Frères Musulmans, dont l’antenne gazaouie, le Hamas, n’est pas la plus docile.

En effet, non seulement l’Égypte est le berceau de la confrérie et a vu Morsi gagner les élections post-printemps arabes, mais elle est surtout victime du terrorisme du Sinaï, lié aux Palestiniens, et ayant un impact catastrophique sur le tourisme, une ressource économique indispensable du pays.

Quant à la Jordanie, dont la géographie, l’Histoire et la démographie pourrait représenter une solution logique pour la Cisjordanie, elle ne veut pas entendre parler des Palestiniens (voir plus haut).

Plus loin, si des pays comme le Maroc sont prompts à apporter en mots leur soutien aux Palestiniens, on peine, à part quelques drapeaux lors de la Coupe du Monde de foot, à percevoir la matérialité de ce soutien.

Mais ! car il y a un mais ! Les Palestiniens savent qu’ils peuvent compter sur les propalestinistes occidentaux. Certes il faut accepter que ceux-ci n’aient aucune idée des faits cités plus haut, pas plus qu’ils ne savent ce qu’est la Palestine, où elle se trouve et quelle est son Histoire… mais on a les soutiens qu’on peut !

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