De quoi le hamburger est-il le nom ? Dans une France qui se veut pays de la gastronomie et où une large fraction des électeurs se reporte sur les candidats prônant bruyamment la défense des traditions, l’omniprésence du hamburger au menu des restaurants et autres bistrots interpelle.
Banalisés par des publicités pour les fast-food qui exposent des photos de ces ersatz de sandwich dégoulinants -regardons-les vraiment, elles devraient inspirer le dégoût, non seulement aux gourmets mais à tout individu ayant dépassé le stade anal- les hamburgers sont au contraire désormais les plats les plus demandés dans les lieux de restauration classiques.
Une pulsion scatologique assumée
Pour comprendre ce qui se joue dans la psychologie d’un client prêt à sacrifier le plaisir d’un bon repas, sa santé et une bonne douzaine d’euros pour une bonne dose de graisse sucrée au goût de tout à la fois, commençons par tendre l’oreille vers une table où la chose est commandée. (La Cheuille De Fou, ce sont aussi des reporters prêts à se sacrifier)
Les réponses viennent très vite : « Je vais me laisser tenter » : tentation et péché; « Ça fait du bien par où ça passe » (l’orifice n’est pas précisé) : réduction de soi à un tube digestif ayant pour fonction de commettre ledit péché; « Et toi, tu n’as pas de regret avec ta salade ? Tu veux des frites ? » : esprit grégaire : le hamburger, mets standardisé par excellence (si l’on peut dire) permet à son consommateur-dévidoir de faire partie du groupe, de la communauté planétaire des bouffeurs de caca au ketchup, et donc de marquer sa différence avec celui qui aura préféré digérer lui-même son plat.
🥬🍔