Israël-Hamas : Le Monde en roue libre

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Nous avons déjà eu l’occasion d’aborder, bien avant le 7/10, la manière dont Le Monde, journal de référence [des génocidaires1 ] pratiquait la désinformation systématique sur tout ce qui touchait à Israël et aux territoires palestiniens. Nous avions traité le cas de Clothilde Mraffko, militante anti-israélienne et « pigiste permanente » au Monde, signant parfois en tant qu’envoyée spéciale (en Israël), et parfois en tant que correspondante (dans les territoires palestiniens).

Depuis le 7 octobre, fidèle à sa longue tradition, Le Monde continue de désinformer systématiquement, mais depuis quelques jours nous avons atteint un nouveau palier sur l’échelle apparemment infinie de l’abjection journalistique. Le Monde est en roue libre et ne s’encombre plus du tout de la réalité. Recracher sans sourciller les communiqués du Hamas ou les délires imbéciles de l’antisémite Filiu (prof à Science Po) qui a droit à une chronique par semaine (une chronique est publiée régulièrement, et rémunérée. Il ne s’agit pas d’une tribune – espace offert à une personnalité pour y exposer un point de vue -, mais d’un travail supposément journalistique.

Rien que la journée d’hier, 21 janvier :

Le Monde avec l’AFP relaient presque sans commentaire un communiqué surréaliste du Hamas.

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/21/le-hamas-affirme-que-l-attaque-du-7-octobre-etait-une-etape-necessaire-et-reconnait-que-des-erreurs-ont-peut-etre-ete-commises_6212115_3210.html

Titre : Le Hamas donne sa version des faits sur l’attaque du 7 octobre et estime que « des erreurs ont peut-être été commises ».

Illustré par une photo légendée… « De la fumée s’élève au-dessus de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, lors d’un bombardement israélien, le 21 janvier 2024. ». La photo, sans rapport avec le sujet donc, figure toujours 24h après la parution.

Citons Le Monde (qui aura du mal à réclamer des droits d’auteurs pour le compte du Hamas). Nous soulignons les rares fragments qui ne sont pas des propos du Hamas mais de la rédaction (Le Monde ou AFP, ce n’est pas clair)

Selon le Hamas, l’opération « déluge d’Al-Aqsa » était « une étape nécessaire » et une « réponse normale » face à « tous les complots israéliens contre le peuple palestinien ». « Des erreurs ont peut-être été commises lors de la mise en œuvre de l’opération, en raison de l’effondrement soudain de l’appareil sécuritaire et militaire le long de la frontière entre Israël et la bande de Gaza », assure l’organisation considérée comme terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.

« Eviter de porter atteinte aux civils, en particulier les enfants, les femmes et les personnes âgées est une obligation religieuse et morale des combattants des Brigades Al-Qassam », poursuit le Hamas, en mentionnant sa branche armée, et insiste « avoir fait de son mieux pour éviter de toucher des civils », malgré le bilan de 1 140 morts.

Par ailleurs, des enquêtes sont en cours en Israël à la suite de témoignages faisant état de violences sexuelles.

Nous voyons que les seuls commentaires visent :

  1. à relativiser le caractère manifestement terroriste de l’organisation
  2. à rappeler – tout de même – le bilan du 7/10 (sans les milliers de blessés dont personne ne parle jamais, mais c’est un autre sujet)
  3. à relativiser les « violences sexuelles » (nous mettons des guillemets tant le vocable nous semble être un euphémisme) en conditionnant leur réalité au résultat des enquêtes. Quand on pense à la manière assertive dont sont relayés les bilans humains du Hamas, ça laisse rêveur…

Continuons…

Dans son rapport, le mouvement islamiste demande également « l’arrêt immédiat de l’agression israélienne de Gaza, des meurtres et du nettoyage ethnique commis contre l’ensemble de la population de Gaza ».

Aussi, il déclare rejeter « catégoriquement tout projet international ou israélien visant à décider de l’avenir de la bande de Gaza », affirmant que le « peuple palestinien » peut « décider de son avenir et organiser ses affaires internes » en insistant sur le fait que « personne au monde » n’a le droit de décider pour lui.

Après avoir promu le communiqué au rang de “rapport” (c’est plus respectable, dans l’imaginaire totalitaire-bureaucratique du Monde), le « journaliste » se convertit en secrétaire de rédaction du Hamas, ponctuant simplement les citations pour les rendre plus coulantes et lisibles.

Un commentaire ? sûrement pas ! On n’est pas là, dans son petit bureau bien chauffé, pour s’interroger sur la contradiction entre les mois de préparation de l’opération (démontrés par Israël mais aussi revendiqués dès octobre par le même Hamas) et cette suite « d’erreurs » malencontreuses. Quelle malchance si des parapentes motorisés se sont justement fixés spontanément sur le dos des gentils civils gazaouis ce jour-là et les ont déposés en pleine rave party avec des armes automatiques… tout ça contre leur gré, eux qui ne pensent qu’à la paix !

Et quid des nombreuses interventions médiatiques des plus hauts responsables du Hamas qui revendiquaient pleinement ces attaques contre les civils ? Serait-ce trop demander à la rédaction (ou même à l’agence) que de les convoquer en regard de ce communiqué ?

Comment peut-on se dire journaliste, agence de presse ou rédaction, et se faire à ce point le relai d’une organisation terroriste ? Et comment cela ne fait-il pas scandale ? Avez-vous vu un politique ou un autre journal réagir ?

Filiu est partout.

Le même jour, dans sa défécation hebdomadaire titrée « Guerre Hamas-Israël, le spectre de la famine à Gaza », Jean-Pierre Filiu décrivait ainsi la situation ante 7/10 : 

[…]une inexorable dégradation de la situation alimentaire des 2,3 millions d’habitants de l’enclave assiégée – du fait des seize années de blocus israélien, 80 % de la population dépendaient déjà, avant le conflit en cours, de l’assistance humanitaire pour se nourrir, alors que seuls 2 % avaient accès à l’eau potable.

Bien sûr, le lecteur de bon sens se demandera comment une population survit 16 ans sans eau potable et conclura vite à la charlatanerie, mais seul le lecteur informé (pas par Le Monde, bien entendu) saura qu’aucun « blocus » n’existe entre Israël et Gaza, contrairement à la frontière égyptienne, totalement close (comme l’a appris à ses dépens le dépité Thomas Portes). Ainsi, évidemment, les denrées alimentaires ont toujours pu transiter, ainsi que l’eau potable, dont Gaza n’importe d’Israël que 11% de sa consommation. On ne relèvera pas que Gaza a également sa propre agriculture, sa propre pêche… et bénéficie de nombreux programmes alimentaires et autres aides financières. Si les événements en cours n’étaient pas si dramatiques, on indiquerait volontiers à M. Filiu qu’un des problèmes principaux auxquels font face les gazaouis en matière de santé publique est… l’obésité. Pas exactement le premier symptôme de famine !

Plus loin…

Les vergers et les champs ont été saccagés par les envahisseurs ou laissés à l’abandon, faute d’irrigation, tandis que le bétail meurt à petit feu, réduisant progressivement la production agricole du territoire à néant.

Au cas où ce ne serait pas clair pour le lecteur, « les envahisseurs » ne désigne pas, sous la plume de Filiu, les terroristes du Hamas le 7/10, et la description qui suit ne se rapporte pas aux kibboutzim attaqués, où c’est pourtant très exactement ce qu’il se passe : mort du bétail à petit feu et réduction de la production agricole faute de personnel, celui-ci ayant été tué, kidnappé ou, contraint de rester à Gaza après la fermeture – réelle cette fois-ci – de la frontière.

Le 6 décembre 2023, le Programme alimentaire mondial (PAM) affirme que neuf familles sur dix dans le nord de l’enclave, ainsi que deux sur trois dans le sud, ont récemment enduré un jour et une nuit d’affilée sans la moindre nourriture.

Mazette ! en pleine guerre de haute intensité, des familles ont dû jeûner 24 heures ! Mais c’est du jamais vu ! Au passage on félicitera le PAM pour la précision de ces statistiques dans ces circonstances. Alors que même en Ukraine on met des mois à dénombrer les morts civils, le PAM peut nous dire en temps réel combien de repas d’affilée a sauté chaque famille à Gaza City. C’est à demander ce que fiche l’INSEE en temps de paix !

La faim dans le monde… une affaire réglée !

Après avoir énoncé que « Ce sont ainsi 576 000 personnes qui sont, selon l’IPC, « menacées de famine » », l’article – si tant est qu’on puisse encore appeler ça un article – se termine sur cette perle :

Pour l’heure, l’ONU estime que 80 % des personnes menacées de famine dans le monde entier se trouvent dans la bande de Gaza. Vous avez bien lu : 80 %, famine, monde entier, Gaza !

Petite règle de trois : si 576 000 personnes représentent 80% des personnes menacées de famine dans le monde, alors il n’y a plus que 720 000 personnes concernées. C’est une victoire majeure pour le Hamas qui a pratiquement réglé d’un coup le problème de la faim dans le monde !

En effet, l’OMS, pourtant abondamment citée par le Filou (désolé pour la faute de frappe), fait état de 828 millions de personnes touchées par la faim. S’il est vrai que toutes les personnes en malnutrition ne sont pas dans une situation de famine grave, on notera que l’OMS ne relève pas moins de 45 millions de cas d’émaciation chez les seuls enfants de moins de 5 ans !

On n’est pas là dans l’erreur ou la faute d’étourderie, nous sommes dans la désinformation militante la plus crasse. Que Filiu ait une chronique hebdomadaire au Monde est un pur scandale, mais ce n’est rien au regard du fait qu’il enseigne en tant que Professeur des universités à Science Po. Quant à la rédaction du Monde, comment expliquer qu’elle laisse passer une « erreur » si grossière ? J’ai ma petite idée.

Notes

  1. Le Monde, un contre-pouvoir ? Désinformation et manipulation sur le génocide rwandais, Jean-Paul Gouteux ↩︎

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