Libres et voilées, selon Amnesty International

Xavier Gorce : Laissez ma femme libre de s'habiller comme je l'exige

Le 16 septembre, place de la Bastille, pour commémorer la mort de Mahsa Amini et le début de la révolution iranienne, la directrice d’Amnesty International, Sylvie Brigot, a été invitée à prendre la parole. 

Que AI, qui défend la liberté de porter le voile, soit invitée ce jour-là ne peut passer – la Cheuille de Fou a déjà dénoncé des positions d’AI concernant le voilement des femmes dans le monde entier. D’ailleurs l’organisatrice, une fois renseignée par nos soins, a regretté cette invitation et nous a assuré que AI n’aura plus la parole lors de ces événements

Il semble donc que le fait que AI ait des positions contre la liberté des femmes ne soit pas assez connu. Et nous insistons bien sur le « contre la liberté » car le seul argumentaire de Sylvie Brigot, que nous avons interpelée après son discours, était : « nous défendons la liberté des femmes de choisir comment elles s’habillent. »

Attardons-nous sur cet argument apparemment imparable : la liberté des femmes. Afficher ce mot, se réfugier derrière ce mot, est leur manière de faire taire leurs détracteurs. Reprenons. 

Liberté absolue ?

Quand AI brandit ce terme comme un absolu irréfutable, elle oublie que liberté ne peut être définie comme un pouvoir illimité de chaque individu, mais comme le pouvoir de chacun en tant qu’il vit avec d’autres au sein de la société dont il est membre. Aussi la liberté est-elle limitée. 

AI, refusant de regarder ce que signifie ce mot liberté dans notre société, défend une position libertaire qui mène à la loi du plus fort. 

Liberté de choix ?

Personne ne pourra affirmer que chacun agit librement, sans influence culturelle, sociale, familiale… Nous nous habillons selon des codes (professionnels par exemple), en respectant des lois (pas nus), en suivant possiblement des modes…

Or AI nie toute possibilité d’influence extérieure quand elle parle de la liberté des femmes de porter le voile. Elle choisit de considérer la femme isolée de la société pour la penser libre. Ce qui n’a aucun sens mais est sa seule parade pour occulter les discours des Frères Musulmans repris en Europe (et dans le monde entier) de toutes les manières : communication directe avec des proches, la famille ou la communauté, communication via les médias et les réseaux sociaux… 

Liberté de parole ?

L’argumentation se tourne après  sur la déclaration de femmes, qui assurent porter le voile par choix. AI profite de ces témoignages pour vouloir croire en cette liberté et considère ainsi que la parole de toute est libre.

Une connaissance ne serait-ce que historique nous oblige à devoir douter de cette liberté. 

Plus directement, regardons les faits en France, il y a eu assez de femmes musulmanes harcelées, voire violentées, pour avoir retiré leur voile. Cet été encore sur Tik-Tok nous avons eu des témoignages saisissants de femmes harcelées après avoir annoncé vouloir enlever leur voile.

Finalement AI refuse toute contradiction, sa position est définie : les femmes voilées sont libres. Mais, quand on se tourne vers l’Iran, comme ce samedi dont il est question au début de l’article, soudain AI tient un autre discours…

Le double discours

Elle reconnaît alors que le voile est signe d’oppression en Iran, Afghanistan, Algérie, Niger, Mali, Soudan…. plus de liberté de choix. Elle fustige les gouvernements qui assassinent les dissidents… plus de liberté de parole. 

Pourtant il s’agit de la même pensée islamiste et la volonté d’invisibiliser la femme. 

Croire que porter le voile est un libre choix exprimant la Liberté en France (et en Occident) et un asservissement ailleurs ne relève pas seulement de l’illusion. Cela repose sur une vision raciste du monde.

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