Le Hezbollah, vous connaissez ?

L’allocution du 19 septembre du Président, nous aura laissé sans voix. Après l’attaque ciblée et efficace d’Israël contre le Hezbollah, Emmanuel Macron prend la parole et réussi à réduire cet événement aux victimes civiles et au risque de guerre au Liban, sans, au grand jamais, prononcer le nom du Hezbollah. 

Nous avons pu lire de nombreuses critiques très justes sur cette intervention, dont le manque édifiant de contexte donné, le parallèle insidieux avec l’explosion du port de Beyrouth …. inutile de les reprendre. Pointons seulement que c’est la deuxième fois depuis le 7 octobre que, avec des contournements édifiants,  l’exécutif réussi à ne pas parler du Hezbollah pourtant central dans le sujet abordé.

La première fois c’est le le 27 juillet 2024, lorsqu’à Majdal Shams, douze enfants ont été tués par une attaque du Hezbollah (attaque d’abord revendiquée par ce dernier puis niée). Le quai d’Orsay a alors condamné cette attaque sans jamais nommer le Hezbollah, l’attaquant, et Israël, l’attaqué. On lit
« La France condamne avec la plus grande fermeté l’attaque qui a frappé la localité druze de Majdal Shams, dans le Golan syrien occupé, au bilan particulièrement lourd. »

(Nous noterons au passage cette expression « Golan syrien occupé » qui est une reprise directe du vocabulaire du Hezbollah, du Hamas ou de l’Iran… encore une main tendue vers eux.)

puis
« La France appelle à ce que tout soit fait pour éviter une nouvelle escalade militaire et continuera d’agir auprès des parties à cette fin. »
Mais quelles sont les « parties » ? Au lecteurs de le deviner. En ne voulant nommer ni le Hezbollah, ni Israël, ce communiqué vide, devient non seulement grotesque mais d’une hypocrisie diplomatique sans nom si ce n’est la lâcheté.

Le 19 septembre Emmanuel Macron reprend ce nouveau style diplomatique qui consiste à ne pas nommer le Hezbollah : 
« Aujourd’hui, j’ai eu l’occasion d’échanger avec vos dirigeants ainsi qu’avec les acteurs majeurs de la crise, de l’Israël à l’Iran. Je leur ai affirmé que le Liban devait être préservé et que la guerre devait être évitée. Il revient aussi à vos responsables politiques d’agir en ce sens, et c’est ce que je leur ai dit. »

Qui sont les dirigeants, les responsables politiques dont Macron parle ? Macron aurait-il parlé à Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah ou au ministre libanais de la Défense ? On oublie vite ou on ignore que le Hezbollah est entré pour la première fois au gouvernement libanais en 2005. Depuis 2023 il possède avec ses coalisés, dont le CPL: (Courant Patriotique Libre) et le MM (Mouvement Marada), la majeure partie des portefeuilles, notamment celui de la Défense, celui des Affaires étrangères et celui de l’Information. Et avant, en 1992, le Hezbollah avait remporté huit des 128 sièges de l’Assemblée nationale libanaise. Il en a maintenant 13.

Le Hezbollah n’est pas une verrue sur le sol libanais que nous pourrions ignorer en s’adressant aux libanais et à leurs dirigeants. Il fait partie de la vie politique du Liban, a intégré nombre de ses institutions et a été mis au pouvoir par voie électorale, donc par une partie importante de la population … malgré tous vos évitements, Monsieur le Président vos condoléances vont directement au Hezbollah. 

Quant à la guerre, elle a été activée par le Hezbollah en soutien au Hamas. Depuis octobre 2023, des milliers de missiles et rockets ont été lancées sur le nord d’Israël. Mais la guerre date de 2006, lorsque le Hezbollah a déclenchée un raid transfrontalier meurtrier contre Israël. Depuis les attaques sporadiques s’enchainent. Israël est constamment sous la menace du Hezbollah dont la destruction de l’État d’Israël est l’un des principaux objectifs. Dans le manifeste du Hezbollah on lit : « notre lutte ne prendra fin que lorsque cette entité, Israël sera éliminée ».

Le président semble oublier cela ce 19 septembre.

On gardera en tête le 24 octobre 2023, lorsqu’à Jérusalem, Emmanuel Macron, encore peut-être sous le choc du 7 octobre et conscient des réalités géopolitiques, avait demandé au régime iranien et ses alliés régionaux, « le Hezbollah » libanais et « les Houthis au Yémen », de  « ne pas prendre le risque inconsidéré d’ouvrir de nouveaux fronts ». 

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