« Cessez-le feu », « solution à deux États », « critiquer Nétanyahou », « Marwan Barghouti », voici un aperçu du bingo de l’anti-israélien modéré, ou, plus pernicieusement, de ceux qui veulent donner des gages aux anti-sionistes comme on écarte un chien du pied, de peur qu’il ne morde.
On n’évoquera même pas ici la banalisation du terme de « génocide » tant celle-ci est scandaleuse. Nous l’avions traitée dans cet article.
Au jeu des mantras, le chef de l’État Emmanuel Macron n’est pas le dernier. Lors de son intervention télévisée ce 23 juillet, on a eu droit à un festival.
Mais pourquoi ces mots sont-ils des mantras sans substance ?
Depuis quelques mois, quand quelqu’un parle de « cessez-le-feu », il sous-entend que c’est Israël qui devrait y céder. On dit qu’Israël a le droit de se défendre MAIS qu’il faut parvenir à un cessez-le-feu.
Fort bien, mais c’est oublier que depuis le début du conflit contre le Hamas, c’est ce dernier qui a rejeté les nombreuses propositions de cessez-le-feu1, dont des textes approuvés par les négociateurs Qataris, Égyptiens et Américains, et qu’Israël a presque tous acceptés, y compris une version proposée par Joe Biden qui lui était extrêmement défavorable.
Donc quand on dit « il faut un cessez-le-feu », on oublie que c’est le Hamas qui les refuse tous.
« On peut critiquer Nétanyahou ». Les israéliens n’avaient attendu personne pour se découvrir ce droit. Depuis 1996 que Netanyahou est, par intermittence, Premier ministre, jamais l’opposition ne s’est arrêtée de le critiquer. Dans la bouche du Président de la République toutefois, on s’étonnera que l’usage qui veut qu’on ne se mêle pas publiquement de la politique intérieure d’un autre État souffre une exception : Israël. Pour celui qui ne voulait pas humilier la Russie, c’est assez difficile à expliquer.
« La solution à deux États » est la clef de voûte des mantras sur le Proche-Orient. Elle fonde la position diplomatique de la France et de l’UE, du moins tout le monde fait semblant d’y croire. Cette solution est bien entendu morte et enterrée, non pas comme on l’entend parfois depuis l’assassinat de Rabin mais depuis le rejet par Abu Mazen du plan Olmert en 2008 [https://www.liberation.fr/planete/2008/08/13/un-nouveau-plan-de-paix-ultime-sursaut-d-ehud-olmert_77925/ ]. Depuis cette date il est clair qu’aucun dirigeant palestinien ne souhaite cette solution et que seule la disparition d’Israël est un objectif acceptable pour eux.
La variante la plus aboutie du mantra « la solution à deux États » est « la reconnaissance de l’Etat palestinien ». Sauf que non seulement personne n’est capable de préciser quelles en seraient les frontières, la capitale ou qui en serait le gouvernement reconnu (Fatah ou Hamas ?). Il est vrai qu’Israël est bien le seul État au monde auquel les autres pays pensent légitime de dicter quelle est sa capitale. Encore une fois, un mot-valise vide de sens, sans aucune réalité derrière. Toujours est-il que cette reconnaissance ignore un fait non négligeable : les Palestiniens eux-mêmes ne veulent pas d’un État dans les frontières actuelles (la vidéo retweetée ici est assez édifiante)
D’ailleurs, quand on fait remarquer que pas un seul dirigeant palestinien n’est favorable à la solution à deux États, on a droit de manière systématique au joker « Marwan Barghouti ».
Ceux qui préfèrent ne pas penser lâchent ce nom comme d’autres se réclament de Botul, c’est-à-dire sans en rien savoir. Barghouti est emprisonné en Israël pour cinq assassinats terroristes. Il a revendiqué le droit de s’attaquer à des civils, dans un premier temps en Cisjordanie uniquement, mais il a soutenu depuis sa prison les pogroms du 7 octobre (sur le territoire israélien) et l’attentat de novembre survenu pendant la trêve de quatre jours entre Israël et le Hamas. Autrement dit Barghouti a autant à voir avec Mandela à qui il est souvent comparé par les ignorants, que Sœur Sourire avec Barbe-Bleue.
On pourrait continuer la liste longtemps. Alors que ce conflit sur un territoire grand comme un confetti est le centre de l’attention, qu’il crée des lignes de fractures qui viennent perturber les sociétés occidentales jusqu’au plus profond, on trouve encore une large majorité de personnalités publiques qui se contentent de lâcher ces mots magiques à qui veut les entendre. Ce n’est tout simplement pas sérieux.
D’une part, cela pèse sur la sécurité d’Israël et, par extension, sur celles des Juifs de par le monde, mais aussi cela discrédite les pays dont les dirigeants montrent une telle incapacité d’appréhender la situation réelle.
- Les principales propositions de cessez-le-feu
Proposition de cessez-le-feu de décembre 2023 :
Proposée par : les États-Unis avec la médiation du Qatar
Détails : Vise à mettre fin au conflit et permettre l’aide humanitaire.
Résultat : Accepté par Israël, rejeté par le Hamas, qui préférait continuer le conflit [Sullivan: Ball is in Hamas’s court, response to ceasefire proposal awaited](https://www.ynetnews.com/article/r1rd2wte0).
Proposition de cessez-le-feu de mai 2024 :
Proposée par le président américain Joe Biden
Détails : Plan en plusieurs phases comprenant un cessez-le-feu complet, le retrait des forces israéliennes de Gaza et la libération de tous les otages.
Résultat : Accepté par Israël, rejeté par le Hamas en raison de l’absence de garanties pour un cessez-le-feu permanent et un retrait complet de Gaza
[Biden Says Gaza Ceasefire Framework Accepted by Both Israel, Hamas – Algemeiner.com]( https://www.algemeiner.com/2024/07/12/biden-says-gaza-ceasefire-framework-accepted-both-israel-hamas/ )
[Israel-Hamas war: Hamas rejects any temporary cease-fire – DW – 12/27/2023](https://www.dw.com/en/israel-hamas-war-hamas-rejects-any-temporary-cease-fire/live-67822383 )
Cadre de cessez-le-feu de juillet 2024 :
Proposé par : le président américain Joe Biden
Détails : Cadre pour parvenir à un cessez-le-feu et ramener les otages chez eux.
Résultat : Initialement rapporté comme accepté par les deux parties, mais plus tard le Hamas a montré des réserves concernant le désarmement et la gouvernance de Gaza [Biden Says Gaza Ceasefire Framework Accepted by Both Israel, Hamas – Algemeiner.com](https://www.algemeiner.com/2024/07/12/biden-says-gaza-ceasefire-framework-accepted-both-israel-hamas/ ) ↩︎