La longue descente de Macron depuis le 7 octobre

Depuis le 9 novembre 2023, l’évolution des positions du président Macron sur le conflit proche-oriental est très préoccupante.

De l’idée, le 24 octobre 2023, d’une coalition internationale avec Tsahal contre le Hamas, à son ralliement à l’idée d’embargo sur les armes contre le seul Israël hier, Emmanuel Macron a très régulièrement pris des positions plus ou moins directement contre Israël. 

Sans aucun doute, ses positions suivent la « politique arabe de la France », immuable depuis des décennies malgré son absence totale de résultat autre que d’être la première cible occidentale du terrorisme islamiste, et ont de plus cet objectif plus récent de répondre aux pressions d’une partie de la communauté musulmane de France, qui, avec ses alliés LFI et EELV, a importé ce conflit du Moyen-Orient en France pour justifier un antisémitisme grandissant.

Ainsi Macron a perdu une position d’interlocuteur privilégié à l’international et laisse le pays s’enliser dans le communautarisme orchestré par les islamistes. 

On rappelle ici les faits et les prises de positions officielles les plus importantes depuis le 7 octobre 2023.

7 octobre : attaque terrestre d’Israël par le Hamas, le Jihad Islamique, le FPLP et d’autres groupuscules gazaouis.

8 octobre : le Hezbollah attaque Israël en envoyant des roquettes depuis le Sud-Liban.

10 octobre : Emmanuel Macron : « Nous ne sommes pas en faveur de la suspension de l’aide qui bénéficie directement aux populations palestiniennes », ajoutant qu’il l’avait « fait savoir à la Commission Européenne ». Cette déclaration intervient alors qu’un commissaire européen, Olivier Varhelyi, avait annoncé le 9/10 la suspension de tous les paiements prévus dans le cadre de cette aide au développement. La Commission avait ensuite fait savoir qu’elle lançait « un réexamen urgent de l’assistance de l’Union européenne à la Palestine ».

https://www.publicsenat.fr/actualites/international/apres-lattaque-du-hamas-contre-israel-laide-de-lunion-europeenne-aux-palestiniens-fait-debat

Le même jour, Emmanuel Macron dénonce un « insupportable chantage » du Hamas sur les otages détenus à Gaza en marge du séminaire franco-allemand à Hambourg.

13 octobre : début de l’offensive terrestre israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza.

17 octobre : comme la presse, sans attendre le moindre élément probant ou simplement émanant d’autre source que le Hamas, le Président Macron déclare « Rien ne peut justifier une frappe contre un hôpital. Rien ne peut justifier de prendre des civils pour cibles. La France condamne l’attaque contre l’hôpital Al-Ahli Arabi de Gaza qui a fait tant de victimes palestiniennes. Nous pensons à elles. Toute la lumière devra être faite. »

On apprendra dans les heures qui suivent qu’il s’agissait d’un tir de roquette raté du Jihad Islamique.

19 octobre : début de la crise de la Mer Rouge. Les Houthis (Yémen) attaquent des navires en soutien au Hamas et pour nuire aux intérêts israéliens.

19 octobre : premier rassemblement important pro-palestiniens place de la République : on y entend « Allahu Akbar » repris en chœur, et on y voit des drapeaux de Samidoun. La manifestation avait été autorisée par la Justice. Aucune réaction gouvernementale.

https://www.lepoint.fr/societe/manifestation-pro-palestinienne-a-paris-qui-sont-les-organisateurs-20-10-2023-2540211_23.php

20 octobre : la Justice suspend l’expulsion de Mariam Abou Daqqa, membre du FPLP, organisation classée comme terroriste par la France, qui était en France pour tenir une série de conférences. Le Ministère de l’Intérieur fait appel de cette décision. Le 8 novembre, le Conseil d’Etat valide l’expulsion. Reste la question : à quels principes la Justice française obéit-elle ?

24 octobre : à Jérusalem Emmanuel Macron annonce : « Le premier objectif que nous devrions avoir aujourd’hui est la libération de tous les otages, sans aucune distinction ». Il demande au régime iranien et ses alliés régionaux, « le Hezbollah » libanais et « les Houthis au Yémen », de « ne pas prendre le risque inconsidéré d’ouvrir de nouveaux fronts », comme si ces fronts n’avaient pas déjà été ouverts

Enfin, il suggère la création d’une coalition internationale contre le Hamas.

« La France est prête à ce que la coalition internationale contre Daech, dans le cadre de laquelle nous sommes engagés pour notre opération en Irak et en Syrie, puisse lutter aussi contre le Hamas ». Rappel : cette coalition a pilonné Mossoul et Raqqa, faisant environ 15 000 morts civils et autant de terroristes de l’EI, ainsi que 1 million de déplacés rien qu’à Mossoul.

Rappelons, car les journaux l’ont peu ou pas relayé, que 200 000 israéliens sont alors déplacés, principalement du nord du pays sous le feu du Hezbollah.

27 octobre : Israël intensifie son offensive contre le Hamas.

31 octobre : interception du premier d’une longue série de missiles Arrow lancée par les Houthis du Yémen en direction d’Eilat.

9 novembre : à peine deux semaines après l’idée de coalition contre le terrorisme, Emmanuel Macron demande un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. À partir de là, il n’aura de cesse de demander ce cessez-le-feu, mais seulement à Israël, et de condamner les offensives de Tsahal.

9 novembre : annonce de 80 millions d’euros supplémentaires à l’aide humanitaire vers Gaza (en plus de 20 déjà annoncés)

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-territoires-palestiniens/actualites-et-evenements/2023/article/reunion-de-suivi-de-la-conference-sur-le-soutien-humanitaire-aux-populations-de

12 novembre : marche contre l’antisémitisme. Macron n’y participera pas au prétexte qu’il veut « préserver l’unité de notre pays » (il ne faudrait pas que les antisémites se sentent exclus…). Il ajoute : « Protéger les Français de confession juive, ce n’est pas mettre au pilori ceux de confession musulmane. » (on cherche encore le rapport…)

Mais, comme pour compenser ce manquement, il allumera le 7 décembre une hanoukia à l’Elysée, à l’encontre de tout principe de laïcité, fournissant encore des arguments aux antisémites. Nul doute que les français juifs auraient préféré voir leur président à leurs côtés et à ceux des autres français préoccupés par l’antisémitisme le 12/11.

24 novembre – 1 décembre : trêve entre Israël et le Hamas. Libération de 110 otages et de 240 prisonniers palestiniens.

30 novembre : attentat à Jérusalem avant la fin de la trêve

27 décembre : Entretien téléphonique avec Benjamin Netanyahu, Macron réitère sa demande d’un cessez-le-feu.

28 janvier : la France suspend temporairement ses subventions à l’UNRWA (agence de l’ONU dédiée aux Palestiniens, dont de nombreux membres sont accusés de faire partie du Hamas, voire d’avoir participé directement aux massacres du 7 octobre.

« La France n’a pas prévu de nouveau versement au premier semestre 2024 et décidera le moment venu de la conduite à tenir en lien avec les Nations Unies et les principaux donateurs [dont fait partie Paris, avec 60 millions d’euros versés en 2023 à l’UNRWA] », affirme dans un communiqué le ministère des affaires étrangères, évoquant des accusations d’une « exceptionnelle gravité ».

7 février : organisation, enfin ! quatre mois après ! d’un hommage national aux 42 victimes françaises des attaques du 7 octobre.

16 février : Peut-être la déclaration la plus hallucinante de toutes : « La reconnaissance d’un État palestinien n’est pas un tabou pour la France […] Nous le devons aux Palestiniens, dont les aspirations ont été trop longtemps piétinées. Nous le devons aux Israéliens qui ont vécu le plus grand massacre antisémite de notre siècle. »

1er mars : comme pour l’affaire de l’hôpital Al-Ahli Arabi du 17 octobre, le Président s’empresse de condamner Tsahal sur la base de la version du Hamas, au sujet d’une distribution alimentaire ayant mal tourné et fait plus de 110 victimes.

« Profonde indignation face aux images qui nous parviennent de Gaza où des civils ont été pris pour cible par des soldats israéliens.

J’exprime ma plus ferme réprobation envers ces tirs et demande la vérité, la justice et le respect du droit international. »

L’enquête de Tsahal conclura que, bien que quelques tirs aient eu lieu par des soldats encerclés et se sentant menacés, faisant 10 morts, les autres victimes sont le fait d’un mouvement de foule et de l’écrasement par les camions d’aide humanitaire. Sans exclure la responsabilité israélienne dans l’incident, on est loin de l’expression « prendre des civils pour cible ».

https://www.linternaute.com/actualite/monde/4775161-distribution-d-aide-a-gaza-qui-a-tire-sur-des-civils-le-hamas-et-israel-s-accusent

30 mars : la France accorde 30 millions d’euros d’aide à l’UNRWA (le premier semestre 2024 semble soudainement court)

9 avril : Communiqué commun de l’Elysée, de l’Egypte et de la Jordanie. « Les Palestiniens de Gaza ne sont plus seulement exposés à un risque de famine ; celle-ci s’installe déjà. ». Évidemment c’est une assertion fausse, il n’y a pas le moindre début de famine à Gaza. Sur les pénuries alimentaires, il existe des milliers de preuves que c’est le Hamas qui détourne l’aide.

https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2024/04/09/egypte-france-jordanie-pour-un-cessez-le-feu-immediat-a-gaza

13 avril : attaque de l’Iran contre Israël. 300 missiles et drones sont lancés et interceptés par le Dôme de Fer.

18 avril : la France vote la résolution proposée par l’Algérie en faveur de l’adhésion comme membre de plein droit de la Palestine  à l’ONU, alors que le Hamas a les pleins pouvoirs sur Gaza. 
« La France remercie l’Algérie d’avoir proposé cette résolution, en faveur de laquelle elle a voté. ». C’est donc la promesse de récompenser à court terme le Hamas pour sa contribution à la paix.

19 mai : Mort du président iranien Ebrahim Raïssi. La France, via son ministre des Affaires Étrangères Stéphane Séjourné, présente ses condoléances.

https://www.publicsenat.fr/actualites/international/condoleances-de-la-france-a-liran-la-france-obsequieuse-avec-lobscurantisme-cest-non-sindigne-roger-karoutchi

20 mai : Contrairement à ce que les manchettes reprennent (« La France soutient la Cour Pénale Internationale »), la position de la France est, cette fois-ci, équilibrée En fait, la Cour elle-même n’a rien exprimé, mais son procureur, M. Karim Khan, lui a demandé d’émettre des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant ainsi que des commandants du Hamas. La France dit soutenir sans détour cette demande concernant le Hamas et rappelle l’indépendance de la Cour qui devra examiner les éléments concernant les dirigeants israéliens.

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/justice-internationale/evenements/article/cour-penale-internationale-demande-de-mandats-d-arrets-par-le-procureur-aupres

17 – 21 juin Eurosatory

Fin mai, la France ferme les portes du salon de la défense et de la sécurité aux industriels israéliens, décision imposée par le gouvernement et son ministre des armées, Sébastien Lecornu (protégé de Macron toujours en poste malgré le changement de gouvernement).

Puis le tribunal de Bobigny interdit l’entrée à toute personne ou entreprise présentant des produits d’origine israélienne. La France se rallie donc au BDS antisémite et contraint l’organisateur de l’événement à apposer des affichettes qui en rappellent immanquablement d’autres.

Mais le 18 juin le tribunal de Commerce de Paris saisi en urgence, ordonne à l’organisateur de réintégrer les entreprises d’armement de l’État hébreu. La mesure d’exclusion des sociétés israéliennes de Eurosatory est jugée discriminatoire.

28 juillet : Majdal Shams, 12 enfants tués par une attaque du Hezbollah (attaque d’abord revendiquée par ce dernier puis niée quand le bilan a été connu)

Le quai d’Orsay condamne cette attaque sans jamais nommer le Hezbollah. Il situe le lieu dans le « Golan syrien occupé », rendant ainsi le Golan annexé par Israël en 1967 au méritant Bachar Al Assad (la France n’a jamais reconnu l’annexion, mais cette formulation, dans ce contexte, était totalement inutile).
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/afrique-du-nord-moyen-orient/evenements/article/la-france-condamne-avec-la-plus-grande-fermete-l-attaque-qui-a-frappe-majdal

Nous parlions déjà de cette façon de ne jamais nommer le Hezbollah ici.

31 juillet : on apprend au réveil la mort du chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, éliminé en Iran, vraisemblablement par le Mossad (mais personne n’en a de preuve, ce qu’on oubliera un peu vite pour parler de réponse de l’Iran). Cette nouvelle ne suscite aucune réaction positive de la France contrairement à ce que nous aurions pu attendre après sa proposition de coalition contre le Hamas du 24 octobre.

13 septembre : demande de l’Afrique du Sud de reporter la commission sur le génocide, faute de preuve.

16 et 17 septembre, « pagers ». Attaque ciblée des membres du Hezbollah au Liban et en Syrie. via deux réseaux de communications qui appartiennent au Hezbollah. On apprend entre autres que l’ambassadeur d’Iran au Liban a été touché (donc appartenait au réseau du Hezbollah).

18 septembre : La France vote à l’Assemblée générale des Nations Unies une résolution déposée le 13/9 exigeant le retrait dans les douze mois d’Israël de tous les territoires occupés et appelant les autres États à cesser la fourniture d’armement à Israël (déjà).
https://unric.org/fr/la-vente-darmes-a-israel-assimilee-a-une-violation-des-droits-humains/
https://documents.un.org/doc/undoc/ltd/n24/266/48/pdf/n2426648.pdf

Le 19 septembre : allocution de Macron qui se dit proche du peuple libanais sans mentionner le Hezbollah. Alors que l’attaque des bippeurs était particulièrement ciblée, le chef de l’État fait mine de croire à la mort de nombreux civils, alimentant à nouveau les fantasmes des « antisionistes ». https://lacheuilledefou.com/2024/09/le-hezbollah-vous-connaissez/

25 septembre, devant l’Assemblée Générale de l’ONU, après avoir rappelé le droit d’Israël à se défendre, Macron fustige Israël, l’accusant de faire beaucoup trop de victimes civiles à Gaza et le renvoyant dos à dos avec le Hezbollah dans le dossier libanais.

Il suggère contre toute évidence que l’aide humanitaire ne parvient pas à Gaza en utilisant l’adverbe « enfin ».

27 septembre : élimination de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah et direct responsable de la mort d’au moins 73 français au Liban et en France. (https://lacheuilledefou.com/2024/09/nos-amis-du-hezbollah/)

Le silence du chef de l’État français est pour le moins incompréhensible, sauf à regarder ses positions les jours suivants.

30 septembre. Incursions israéliennes au Sud Liban. Découverte des tunnels d’attaque du Hezbollah qui préparait une attaque de type 7 octobre. Rappelons que ces tunnels, qui ont demandé des milliers de bétonnières, ont été construits sous les yeux de la FINUL, la force d’interposition de l’ONU censée empêcher le Hezbollah de franchir la rivière Litani, 20 km plus au nord (résolution 1701 de 2006)

1er octobre : attaque de l’Iran contre Israël, plus de 200 missiles lancés

5 octobre : Macron se rallie à demi-mot à ceux qui parlent contre toute évidence de génocide à Gaza, et feint de croire à une possible destruction massive du Liban : « Le peuple libanais ne peut pas à son tour être sacrifié et le Liban ne peut pas devenir un nouveau Gaza »

https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/emmanuel-macron-se-prononce-pour-larret-des-livraisons-darmes-a-israel-utilisees-a-gaza-20241005_JTQCO6ZR6ND7NAT5IU5DLNYXEA

Surtout, il se prononce en faveur, comme la France l’avait déjà voté à l’ONU (voir plus haut) pour un embargo sur les armes à l’encontre d’Israël. Il dit aussi que « que ceux qui fournissent [des armes] ne peuvent pas chaque jour appeler à nos côtés au cessez-le-feu et continuer de les approvisionner », ce qui est le comble de l’absurdité, comme si le chef des armées ne savait pas que c’est justement la puissance militaire qui permet de dissuader les ennemis d’attaquer. Cette citation, alors qu’il continue de rappeler le droit d’Israël à se défendre, tient de l’acrobatie.

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/10/05/gaza-emmanuel-macron-se-prononce-en-faveur-de-l-arret-des-livraisons-d-armes-a-israel_6344538_3210.html

La réaction de B. Netanyahu ne se fait pas attendre et dit : « Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël […] Nous gagnerons avec ou sans eux [les dirigeants qui prônent l’embargo sur les armes], mais leur honte restera longtemps à notre victoire. ».

Dans la soirée, devant le tollé, l’Elysée publie un communiqué rappelant que « La France est l’amie indéfectible d’Israël », mais remet la faute sur « les propos excessifs de Benjamin Netanyahu ». Garde-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge.

Les auteurs de cet article dénoncent Netanyahu depuis 1996 et sa première campagne législative. Ils ne s’attendaient pas à ce que ce soit un président français qui les oblige à approuver ses propos.

Un commentaire sur “La longue descente de Macron depuis le 7 octobre

  1. Vous pensiez vraiment que le Président avait une ligne de conduite responsable et cohérente depuis 7 ans ?!
    Difficile pour nous occidentaux , à ce jour, de reconnaître qu’Israel fait le « sale travail » pour nous tous …..

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *