Cène sur Seine : les faits

Que cette époque est fatigante où chacun se sent obligé d’y aller de son indignation sans jamais se référer aux faits.

Ces faits, quels sont-ils ?

Chacun peut les vérifier sur le site de France 2 où la cérémonie est disponible. Les time codes indiqués ci-dessous se référent à cette vidéo)

Vidéo de la cérémonie sur france2.tv

La séquence dite de la Cène de la cérémonie d’ouverture des JO est en réalité composée de deux séquences bien distinctes. Ci-dessous le (long) dépouillement des scènes :

  • 1:53. Lumière du soir (on voit encore les arbres bordant la Seine. Une parodie de la Cène de De Vinci où les personnages sont incarnés par des drag queens. (Thomas Jolly nie qu’il s’agisse de la Cène, mais c’est ce qu’en bon français on appelle se foutre du monde, car l’allusion est évidente. Ou alors on peut aussi contester que le tableau qui flottait fût la Joconde…

Ce tableau est utilisé pour initier la séquence « festivité »

  • Puis la table est transformée et podium de défilé de mode, en hommage à la haute couture française
  • 1:56, on revient au défilé olympique des bateaux. Nouvelle Zélande, Oman, Ouganda, Ouzbékistan, Pakistan
  • 1:57 on revient très rapidement au podium mais dans l’axe de la  profondeur, sans le moindre rappel de la Cène. On y voit la drag queen Piche.
  • 1:57 retour immédiat au défilé avec Palau, Palestine, Panama, Papouasie-Nouvelle Guinée, Paraguay 
  • 1:59, bref retour sur le podium, toujours dans l’axe de la passerelles donc sans aucune ressemblance à la Cène.
  • Bateaux : Pays-Bas, Pérou.
  • 2:00, retour quelques secondes et dans le même axe, au défilé de mode.
  • Philippines, Pologne, Porto-Rico, Portugal, Qatar, Corée du Nord
  • 2:02 : quelques secondes de défilé de mode. Roumanie, Ruanda
  • 2:03 : quelques secondes de défilé, cette fois en travelling arrière de trois quart, le décor est désormais complètement dissocié de la première séquence  « la Cène ».
  • Bateaux : St Kitts et Nevis, bref retour sur défilé de mode. Ste Lucie, San Marin, st Vincent et Grenadines, Îles Salomon.
  • 2:05 : quelques images du défilé de mode
  • Samoa, Samoa américaines, São Tome et Principe, Sénégal.
  • 2:06 : défilé de mode, Serbie, Seychelles, Sierra Leone
  • 2:07 : défilé de mode, Singapour, Slovaquie, Slovénie, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Sri Lanka, Suède, Suisse, Suriname, Syrie,
  • 2:12 : défilé de mode, Tadjikistan,  Taïwan, Tanzanie, Tchad
  • 2:13 : retour au podium, cette fois-ci dans l’axe perpendiculaire (comme la Cène, mais sans les figurants). République tchèque. Podium (dans l’axe de la profondeur), Thaïlande. Podium, Timor-Leste, Togo, Tonga, Trinité et Tobago, Tunisie, Turquie, Turkménistan, Tuvalu, Ukraine, Uruguay.
  • 2:18 Le podium se transforme en piste de danse.
  • Vanuatu, piste de danse, Venezuela, Îles Vierges américaines et britanniques, Vietnam, Yémen, Zambie, Zimbabwe, Australie, États-Unis
  • 2:22 : le porteur de flamme masqué arrive sur la passerelle, filmé sur l’axe perpendiculaire (traveling latéral). La piste est à nouveau une table. Il fait désormais nuit.
  • 2:23 : séquence à Tahiti avec les surfeurs.
  • 2:24 : retour à Paris. Le bateau de la délégation française !
  • 2:28 : séquence de danse sur une barge aux couleurs européennes.
  • 2:29, retour sur la passerelle.  Devise de l’UE « unie dans la diversité » et enchaînement sur Piche
  • Montage parallèle entre la barge devenue piste de danse et les artistes sur la passerelle.
  • 2:36 la séquence de danse sur la barge se poursuite sur « J’adore » de Philippe Katrine
  • Enfin, à 2:37, soit 45 minutes après « la Cène » on revient sur ce podium pour une séquence où Philippe Katerine incarne Dionysos et chante « tout nu ». Plus rien dans la scénographie ne rappelle la Cène, mais les personnages de la première séquence sont là, en tant que figurants cette fois-ci, parmi de nombreux autres.
  • 2:38 : fin de la séquence.

C’est donc la dernière séquence qui choque les Tartuffes du monde entier.

Posant en défenseurs de la chrétienté, ils confondent donc Jésus et Dionysos, ce qui ne manque pas d’ironie, le christianisme s’étant développé en opposition au paganisme, et plus particulièrement au polythéisme romain dans lequel Bacchus est la version latine de Dionysos.

Ils confondent deux séquences séparées de 45 minutes et d’un nombre très important de séquences et d’événements.

Ils ignorent que la Cène n’est dans aucune religion l’œuvre du Divin (la parodier ne constitue pas, même dans leur dogme, un blasphème) mais celle, géniale, d’un peintre bien humain de la Renaissance, et qu’elle a déjà été parodiée des centaines de fois (Les Simpsons, Astérix, Dr. House…). À croire que ce qui pose problème, ce sont les drag queens. Cachez ce sein que je ne saurais voir !

À ce propos il est croustillant de se rappeler que le peintre en question, Léonard De Vinci, échappa de peu au bûcher auquel l’Église voulut le condamner pour… homosexualité ! Le tableau représente le dernier repas d’un prophète-Dieu dont la « biographie », les Évangiles, dit pudiquement qu’il n’a jamais été marié.

On aimerait voir toutes ces bonnes âmes aussi indignées quand le clergé de cette religion fournit sans discontinuer autant de scandales de pédophilie.

Toutefois, il y a bien un argument à retenir et sur lequel il nous semble que le débat devrait porter. Contrairement à Charlie Hebdo que personne n’oblige à acheter, la cérémonie d’ouverture des JO est un rituel que l’on sait s’adresser à toute la planète. Dès lors la place de la caricature ne peut y être la même (on ne va pas, par exemple, caricaturer un dirigeant étranger). Ce n’est pas une question de droit mais une question de savoir-vivre.

Dès lors la question est : doit-on s’auto-censurer pour complaire à l’indignation d’incultes qui, de toute façon, exercent eux-même la censure, soit pour des raisons prétendument religieuses, soit même simplement pour des raisons de nudité comme aux Etats-Unis (rappelons que Philippe Katerine était aussi nu qu’un nageur olympique en piscine, c’est à dire pas)

Notre réponse (à l’opposé bien sûr de celle de Mélenchon) :

Toujours Charlie !

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