Dans un long article (13000 signes) de Louise Couvelaire paru dans le ligueur LFIste qu’est devenu Le Monde ce 18 avril, franchit un nouveau cap dans l’assignation identitaire des français musulmans ou de culture musulmane.
Une fois passée la surprise du titre et du chapô :
Ces Françaises et Français de confession musulmane « bien installés » qui songent de plus en plus à émigrer
Ces citoyens sont banquier, fonctionnaire, professeur… Ils racontent leur malaise face à la défiance qu’ils pensent susciter, encore plus depuis le 7 octobre 2023, jour de l’attaque du Hamas en Israël. Et dénoncent une « atmosphère suffocante », une « assignation » ou encore un « immense gâchis ».
Surprise parce qu’en termes de groupe culturo-religieux forcé de s’interroger sur sa place en France et en Europe depuis le 7 octobre, on n’aurait pas forcément pensé aux musulmans en premier, mais bon, on n’est plus à une inversion près…
Une fois cette surprise passée, donc, on lit avec intérêt la longue « enquête » (en fait un recueil de témoignages anonymes) racontant le racisme, les discriminations en milieu professionnel, les injonctions à s’excuser de tout au nom des musulmans.
Ces témoignages, répétitifs mais c’est leur force, illustrent une triste réalité qui devrait et doit justifier la continuation de la lutte contre le racisme.
Mais après nous avoir bien expliqué cela, avoir bien situé les témoins dans un paysage socio-culturel intégré, éduqué, diplomé… on en arrive enfin (10 000ème signe) à ce qui est concrètement décrit comme constituant une « islamophobie d’atmosphère » :
Qu’ils soient en accord ou non avec certaines décisions institutionnelles, ils soulignent un effet d’accumulation qui nourrit leur malaise. Dans le désordre, ils listent : la percée du vocabulaire d’extrême droite dans le débat public – « grand remplacement », « séparatisme », « zones de non-France » –, l’omniprésence des discours antimusulmans dans certains médias, principalement les chaînes d’information en continu ; en 2021, la loi « séparatisme » ; la même année, la « chasse » aux « islamo-gauchistes » dans les universités ; la dissolution, en 2020, du Collectif contre l’islamophobie en France ; les polémiques à répétition sur le port du voile ou le burkini ; à la rentrée 2023, l’interdiction de l’abaya et du qamis dans les établissements scolaires ; les fermetures de mosquées ; la disparition, à leurs yeux, de la lutte contre les discriminations des « radars des politiques » ; l’interdiction par la Fédération française de football des pauses lors des matchs pour rompre le jeûne pendant le ramadan ; les attaques, en décembre 2023, contre l’établissement scolaire Averroès, l’un des rares établissements privés musulmans sous contrat de France…
Le piège se referme : « séparatisme » est donc un vocable d’extrême droite (ce que le lecteur interprête donc comme une légitimité revendiquée de vivre séparés de la communauté nationale) ; la loi séparatisme, la « chasse » aux « islamo-gauchistes » (on comprend donc que l’islamisme devrait être toléré à l’université ; dissolution du CCIF, ouvertement islamiste, antisémite, pro-Hamas, et d’ailleurs reconstitué sous le nom de CCIE en Belgique, comme tout mouvement terroriste islamiste digne de ce nom) ; interdiction de l’abaya à l’école – donc ces témoins soutiendraient son port ; fermeture des mosquées – personne ne pense que n’importe quelle mosquée est fermée arbitrairement en France, on lit donc un soutien clair aux imams promoteurs de l’islamisme et de la charia ; fermeture du lycée Averroès, qui n’a bien entendu pas été fermé sans quelques éléments factuels.
Et voici donc, en un petit paragraphe en fin d’article, comment les musulmans bien intégrés, que vous assimiliez depuis le début de l’article à vos collègues, vos amis, vos cousins… et que vous découvriez avec surprise comme sur le point de quitter la France, pressés par un racisme que vous n’imaginiez pas, s’avèrent en fait être de simples islamistes correspondant parfaitement à la vision essentialisante du musulman partagée par LFI, EELV et Le Monde, entre autres.
Cette essentialisation visait jusqu’à présent majoritairement des classes sociales inférieures, avec un niveau d’éducation et d’insertion restreint. Cet article du Monde est symptomatique de l’élévation de ce piège dans la hiérarchie sociale. Ce sont désormais les cadres, médecins, intellectuels… qui sont assignés à religiosité et bigoterie par ces anti-Charlie.
Le Monde nous donne ici une excellente liste des actions que les autorités républicaines ont eu à mener pour réagir, dans certains cas très tardivement, à l’entrisme et aux provocations, parfois meurtrières, non pas des musulmans de France, mais de sa minorité d’islamistes.
Qu’il fasse cet amalgame en ne distinguant pas les deux groupes n’étonne plus depuis longtemps de la part de ce journal.