Coupe du monde au Qatar : la confusion des arguments

Supportrice Iranienne

Qu’il ne nous soit pas fait le reproche de sous-estimer la situation des Droits de l’Homme au Qatar, ni d’ignorer l’absurdité de l’organisation d’une coupe du monde de football dans ce pays désertique sans culture footballistique, ou encore le soutien du Qatar à des mouvements dont les intérêts divergent fortement des terriens épris de liberté.

Des exagérations contre-productives

Dans les quelques mois qui ont précédé la phase finale de la coupe du monde, on s’est, enfin rendu compte que les travailleurs étrangers ne bénéficient pas au Qatar exactement des mêmes droits qu’en Europe. Quelle nouvelle ! L’argument des morts des chantiers des stades serait d’autant plus fort si on n’avançait pas des chiffres fantaisistes, les fameux “6500 morts”. Ce chiffre correspond à la totalité des travailleurs étrangers morts sur la période, tous métiers et toutes causes confondus.

On découvre – surprise ! – que l’homosexualité n’est pas la bienvenue au Qatar, et qu’elle est passible de peine de mort, ce qui est également le cas de l’apostasie, dont on ne parle pas… on devrait nuancer en rappelant qu’une exécution a eu lieu au Qatar en 2020, celle d’un condamné pour meurtre ; la première depuis 20 ans.

Puis on se focalise sur l’interdiction faite aux joueurs de porter un brassard « One Love », en oubliant que ce type d’interdictions s’applique à toutes les compétitions internationales, de la coupe du monde de foot aux Jeux Olympiques, encadrés par le très strict Comité Olympique International.

Un regard colonial

Dans un tout autre genre on assiste à un déferlement d’arguments dont les plus bruyants auteurs, soi-disant « décoloniaux », laissent entrevoir au contraire une vieille mentalité coloniale.

Ainsi reproche-t-on à la FIFA, à juste titre, d’avoir désigné le Qatar comme pays organisateur en mentionnant pêle-mêle Sepp Blatter, Président de la FIFA en 2010, N. Sarkozy ou M. Platini. Mais on omet systématiquement Z. Zidane, “ambassadeur pour le Qatar » lors de la candidature. Le sous-texte raciste de cette exonération médiatique : il est normal qu’un arabe soutienne un pays arabe.

Quant aux supporters, et bien que l’interdiction de drapeaux LGBT vienne d’être – tardivement – levée, on oublie qu’il aura fallu en France rappeler à un préfet (!) que la liberté d’expression s’appliquait aussi aux supporters israéliens (de même qu’à la police berlinoise). Sur la question de l’absence de manifestation politique toutefois, on remarquera la différence de traitement entre une supportrice iranienne avec un maillot floqué du nom de Masha Amini et sommée de quitter le stade, et la banderole géante (et donc forcément détectée à l’entrée) “Free Palestine” portée par les supporters tunisiens. Des supporters portugais affichaient même le drapeau palestinien en bordure de terrain, à portée de main des policiers.

Enfin, la question de la vente de bière aux abords immédiats des stades est régulièrement mise au même plan que les droits fondamentaux, la ramenant au même niveau que les libertés ou la place des femmes – dont, vous l’aurez remarqué, on parle beaucoup moins que de la transphobie. Ce confusionnisme des causes se fait bien sûr au détriment des plus importantes. Passons sur le fait que les interdictions de vente et de consommation d’alcool ou de tabac se multiplient en Europe sans qu’on crie à la barbarie.

Alors que le Qatar joue un rôle prépondérant dans la promotion de l’islamisme, on se focalise sur des domaines où, par comparaison, il est loin d’être le pire élève de la classe… Dommage !

Liens – Coupe du monde au Qatar : la confusion des arguments

Le Point : Strasbourg : les drapeaux israéliens et supporters d’Haifa interdits dans le centre

20 minutes : Drapeaux israéliens interdits : la police Berlinois présente ses excuses

La DH (Belgique) : pour ramener la sérénité, Evere interdit la vente d’alcool de nuit dans les nights shops et la consommation dans l’espace public

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