L’une des fonctions du suffixe « ie » permet à l’origine de désigner un regroupement ou un ensemble de personnes (compagnie, confrérie, ethnie…).
Une évolution ancienne (XIXème siècle) lui a donné -parfois- une connotation péjorative (bourgeoisie, juiverie, franc-maçonnerie…)
Plus récemment et par extension, il a été utilisé pour désigner le cercle rapproché de personnages importants, et en particulier de Présidents de la République :
« Mitterrandie », « Chiraquie », « Sarkozie » ou même « Hollandie » se rapportaient au « clan » dont on estimait que le Président dépendait. Certes, il y avait des variations subtiles. La « Mitterrandie » incluait les obligés de Mitterrand, ceux qu’il avait placés ou aidés, alors que le fonctionnement hyper clanique de Chirac ou de Sarkozy donnait à leurs expressions respectives un sens plus restrictif. Mais de manière générale, on pouvait voir dans cette utilisation du suffixe « ie » la désignation péjorative d’une forme de Cour.
Depuis quelques mois pourtant, le même suffixe est ajouté très fréquemment au nom du Président Macron. S’il n’y avait aucune raison de supposer que cette tradition ne serait pas prolongée, il y a pourtant là une grosse différence ! L’expression « Macronie » ne désigne plus, dans la bouche de ses opposants politiques ou des commentateurs (qui n’utilisaient « Sarkozie » ou « Chiraquie » que très rarement et avec moult précautions), mais bien l’ensemble des français ayant porté leur suffrage sur le nom de Macron.
Rejeter un ensemble aussi important de citoyens (la majorité, même relative) dans un groupe que le nom même désigne comme méprisable n’est probablement pas le signe d’une grande ouverture à un débat démocratique. Si cela n’est que peu surprenant venant d’extrémistes du RN ou de LFI, il est plus étonnant de voir des forces politiques supposément modérées (PS notamment), mais surtout des journalistes ou de simples citoyens user et abuser de ce verbiage.
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