Le fantasme d’une gauche sans Mélenchon

La plupart en sont désormais conscients, et beaucoup de « leaders » de la gauche (les guillemets s’imposent car ils ne mènent rien d’autre qu’eux-mêmes) disent haut et fort ce que tout le monde sait : Mélenchon est un tel repoussoir que la gauche se porterait mieux sans lui, ou, plus précisément, sans ses interventions médiatiques. Ruffin, Hollande, Glucksmann, Tondelier, Roussel… ne sont que quelques exemples parmi d’autres.

C’est que l’idée d’un Mélenchon premier Ministre fait fuir l’électeur.

Ceux-là ne sont pas pour un changement programmatique ou pour une condamnation des propos problématiques. Ils sont pour que l’on dissimule aux français qu’en cas de victoire du NFP aux législatives, Mélenchon, ou à tout le moins un tenant de sa ligne, serait Premier Ministre, par la force des choses. Ils se sont accordés pour que le Premier Ministre soit issu du groupe le plus important, et se sont réparti les circonscriptions pour que LFI soit forcément le groupe le plus important, il n’y a donc strictement aucun doute sur l’issue en cas de majorité du NFP.

Nous avons donc sous les yeux un débat public pour savoir si on doit mentir ouvertement aux français. Surréaliste.

Un charter de chartes

Comme souvent, l’exemple le plus criant est sur l’antisémitisme. On a là assisté à une mascarade honteuse.

La chronologie des événements est contestée par LFI, mais ça n’a au fond aucune importance :

  • Raphaël Glucksmann publie sur son fil X/Twitter une charte contre l’antisémitisme sur papier en-tête Place Publique, en disant qu’elle est co-signée par le PS, le PCF, EELV (donc sans LFI)
  • LFI publie aussi une charte, co-signée par Faure (PS), Roussel (PCF), Tondelier (EELV), noyant l’antisémitisme dans toutes les formes de racisme et de discrimination, comme nous l’expliquions ici.

[Vous trouverez le détail des chartes ci-dessous]

En plus de cibler précisément l’antisémitisme au lieu de le noyer dans un « tous les méchants » inefficace, la charte « Glucksmann » s’attaque précisément à la question des candidats et élus.

Cela semble être un atout, n’est-ce pas ?

Or c’est justement là la plus belle supercherie, car l’effet est exactement le contraire : c’est, comme ceux qui rêvent à voix haute d’une gauche sans Mélenchon, une validation de l’antisémitisme.

Car il est évident que nul ne répudierait des candidats à peine nommés pour des propos tenus avant les investitures. Signer cette charte et ne pas exclure les Guiraud, Soudais, Portes, Obono, mais aussi Roussel… serait de facto considérer que les propos scandaleux qu’ils tiennent depuis 9 mois (et plus) ne sont pas antisémites. Or ils le sont, nous avons déjà eu maintes fois l’occasion de l’illustrer.

De même, prétendre que le NFP serait plus acceptable sans la figure de Mélenchon, c’est sous-entendre qu’un gouvernement constitué de Guiraud (qui a tout appris chez Soral), Soudais (qui n’a rien appris du tout), Portes (le passe-plat du Hamas), Caron (pour qui on peut bien assassiner des enfants à Toulouse puisque des palestiniens meurent), Roussel (pour qui Gaza est pire que le Ghetto de Varsovie)… serait plus enviable.

Non ! Cette gauche-là s’est entièrement compromise avec les pires antisémites. Mettre la poussière sous le tapis, qui plus est au vu et au su de tous, n’atténue en rien le problème. Au contraire, cela met en lumière le cynisme de cette alliance dont on ne voit pas comment la gauche se remettrait.

Notes et documents

La charte “Glucksmann” : 

  • Sanctionner immédiatement tout candidat ou élu proférant des propos antisémites ou des propos relativisant l’antisémitisme.
  • Former les futurs élus à la lutte contre l’antisémitisme et toute forme de racisme.
  • Agir pour la sécurité des lieux cultuels et culturels juifs en France en exigeant de maintenir et de renforcer si nécessaire toutes les mesures de protection policières et militaires dont elles bénéficient.
  • Lancer une commission d’enquête parlementaire sur l’état général de l’antisémitisme en France, et notamment à l’école, et ses effets sur la vie des populations juives.
  • Soutenir une stratégie européenne d’augmentation des financements et de coordination de la lutte contre l’antisémitisme sur tout le continent.

La charte “LFI” :

  • Pour donner à la justice les moyens de poursuivre et de sanctionner les auteurs de propos ou actes racistes, islamophobes et antisémites ;
  • Pour instaurer un Commissariat à l’égalité doté d’un Observatoire des discriminations et de pôles spécialisés au sein des services publics et des cours d’appel
  • Pour adopter et mettre en œuvre un plan de lutte contre les discriminations, notamment à l’embauche, à la santé et au logement, et le renforcement des sanctions ;
  • Pour mettre en œuvre des plans interministériels pour analyser, prévenir et lutter contre l’antisémitisme en France, notamment à l’école, et contre l’islamophobie;
  • Pour assurer la sécurité des lieux cultuels et culturels (juifs, musulmans, chrétiens, etc..) de notre pays en renforçant, si nécessaire, toutes les mesures de protection policières nécessaires.

2 commentaires sur “Le fantasme d’une gauche sans Mélenchon

  1. Bravo pour cet article lucide et pertinent. L’occasion pour moi, de remercier la direction de la Cheuille de Fou, de m’avoir accueilli parmi ses abonnés. Depuis quelques temps déjà, la lecture de vos articles sur le groupe des adhérents du Printemps Républicain, retenaient toute mon attention, et me faisait me sentir moins seul au niveau de mes opinions. Si besoin (je ne sais pas si cela fait parti des manières de faire du site), je pourrai me présenter plus longuement. En attendant, je partage totalement votre analyse au sujet de ce qu’est la gauche aujourd’hui – tout au moins comme vous le précisez, ses leaders ! -. Le déshonneur d’une union contre-nature frappe tous les composantes de cette gauche, désormais surveillée par l’ogre LFI – qui est malheureusement la seule formation a disposer d’une vraie stratégie politique -. Inutile de préciser que je suis de gauche (électeur, militant syndical, acteur dans la vie publique) depuis que j’ai l’âge de réfléchir aux questions politiques, c’est à dire une cinquantaine d’années. Et que je reste de gauche, malgré tout ! Inutile de préciser également, que je suis un farouche adversaire du RN (mais pas de nombreux de ses électeurs qui sont mes voisins ou amis) ! Une petite musique m’inquiète depuis ces tous derniers jours, parmi ceux qui jusqu’alors rejetaient le RN et LFI (et parfois le NFP), qui voudrait qu’il y ait des personnalités fréquentables, compatibles… jusque dans les rangs de LFI !… ce qui suppose qu’on déroulerait le tapis rouge aux Verts, au PCF, au PS ! Je rejette avec force cette idée. Votre article constitue un parfait réquisitoire contre cette dérive. Demeure la question de l’après, du lendemain, de la reconstruction d’une gauche républicaine, laïque et humaniste, qui pour le moins, regrouperait les quelques uns que nous sommes à défendre ces principes et nous donnerait les moyens d’agir efficacement et de manière autonome, sans devoir se compromettre avec ceux qui nous ont trahi et nous trahiront encore.

  2. Je ne pense pas que nous ne soyons que  »quelques uns » à défendre et espérer de tous nos vœux un vrai parti défendant les principes d’une gauche laïque, républicaine, universaliste, basée sur une seule et unique valeur: l’Humanisme.

    Nous sommes très certainement majoritaires.
    Comme sont majoritaires, en France, les Athées, Agnostiques, et autres rationalistes, qui ne se retrouvent clairement dans aucun parti.
    Nous laissons ainsi la place aux manipulateurs en tous genres, qui maîtrisent parfaitement les possibilités de la communication de masse .

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